11 Feb Déclaration de Mera: Rassemblement mondial des femmes pastoralistes
Déclaration de Mera: Rassemblement mondial des femmes pastoralistes
Nous, les femmes pastoralistes rassemblées à Mera, en Inde, du 16 au 21 novembre 2010, représentant 32 pays, nous sommes réunies pour renforcer nos alliances et développer des solutions pratiques aux questions qui nous concernent.
Nous appartenons à une communauté mondiale de peuples pastoralistes,, forte de 300 millions de personnes. Nous nous engageons à perpétuer un mode de vie durable et écologique, qui préserve la biodiversité et les ressources communes et qui en garantit l’accès pour les générations futures. Nous allons continuer à travailler en réseau et à mettre en commun nos bonnes pratiques ainsi que nos expériences, afin de développer nos compétences et les partager entre nous et avec la communauté mondiale dans son ensemble.
Nous sommes parmi les premières à subir les conséquences du changement climatique et des problèmes qui y sont associés, c’est la raison pour laquelle nous avons beaucoup à partager avec le monde en ce qui concerne l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets ainsi que le développement de modes de vie durables respectueux de notre planète terre.
Ces derniers temps, la voix des pastoralistes a été entendue de plus en plus souvent au niveau international. Par contre, nous, en tant que femmes, avons encore du mal à nous faire vraiment entendre. Nous avons pourtant des contributions uniques et tout autant valables à apporter, tant pour nos communautés que pour la communauté mondiale.
Nous allons travailler – conjointement avec les hommes – en vue de construire des sociétés pastoralistes fortes et équitables afin de contribuer à une plus grande équité sociale au sein de nos familles, nos communautés, nos pays ainsi que dans le monde entier.
Nous présentons cette déclaration comme document d’orientation politique afin d’informer et de soutenir le développement de politiques pastoralistes.
Nous en appelons aux gouvernements, aux agences exécutives des Nations Unies, aux autres organisations concernées au niveau international et régional, aux instituts de recherche ainsi qu’à nos propres autorités coutumières, afin qu’ils:
1. RECONNAISSENT le rôle essentiel des pastoralistes en matière de gestion durable de l’environnement mondial, y compris la conservation de la biodiversité, l’atténuation des effets du changement climatique et de la lutte contre la désertification.
2. GARANTISSENT l’égalité des droit des femmes pastoralistes et reconnaissent leur rôle essentiel dans la société. Ceci inclut la reconnaissance du travail des femmes pastoralistes comme étant une profession à part entière et comme étant une composante fondamentale du pastoralisme.
3. RECONNAÎSSENT la mobilité pastorale comme étant un droit fondamental.
4. GARANTISSENT et défendent l’accès pastoral aux ressources, y compris à nos pâturages traditionnels.
5. PROTÈGENT les droits des pastoralistes et assurent la sécurité dans les zones pastorales et nomades, y compris l’application des lois qui garantissent la sécurité des femmes.
6. RECONNAISSENT les groupes pastoralistes qui s’identifient comme membres de cultures autochtones. Qu’ils respectent la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
7. SURVEILLENT l’élaboration et la mise en œuvre des politiques ayant un impact sur le mode de vie pastoraliste ou de législations protégeant les pastoralistes.
8. SOUTIENNENT le développement d’une organisation internationale chargée d’examiner les plaintes concernant les violations des droits des pastoralistes. Cette organisation doit être en mesure de demander des comptes aux gouvernements des pays fautifs et doit inclure les femmes pastoralistes en tant que membres.
9. ADAPTENT la législation existante afin de tenir compte des spécificités du mode de vie pastoraliste et de différencier le pastoralisme nomade ou de transhumance de la pratique de l’élevage intensif.
10. PROMEUVENT des politiques régionales et des traités qui tiennent compte du pastoralisme transfrontalier et respectent les zones traditionnelles de pâturage ainsi que les routes traditionnelles de migration. Ces politiques doivent être élaborées en consultation avec les femmes pastoralistes.
11. ELABORENT des politiques spécifiques qui encouragent la durabilité et le bien-être des modes de vie pastoralistes ainsi que les écosystèmes dont nous dépendons pour notre survie. Le processus d’élaboration de ces politiques doit inclure une participation significative ainsi qu’une consultation effective des femmes pastoralistes.
12. DEVELOPPENT une législation qui encadre et restreint tout développement risquant de nuire ou de menacer le mode de vie et les ressources nécessaires à la survie des pastoralistes.
13. PERMETTENT un accès aux pâturages tout au long de l’année, y compris à certaines zones qui sont actuellement incluses dans des réserves naturelles et des aires de conservation des espaces naturels. Ces zones de pâturage doivent être définies en consultation avec les femmes des communautés pastoralistes.
14. PROMEUVENT et reconnaissent les Aires du Patrimoine Autochtone et Communautaire (APAC).
15. GARANTISSENT une représentation proportionnelle des femmes pastoralistes à tous les niveaux de gouvernance.
16. RESPECTENT le droit des femmes pastoralistes à l’éducation, tant formelle et informelle, ce droit incluant l’accès à l’enseignement secondaire. Qu’ils encouragent et soutiennent les initiatives visant à modifier les perceptions de la société concernant l’accès des jeunes filles à l’éducation.
17. ELABORENT des programmes de formation et des cursus éducatifs accessibles et appropriés permettant aux enfants pastoralistes d’accéder à l’éducation. Une attention particulière doit être accordée aux jeunes filles pastoralistes. Ces mesures doivent être élaborées en consultation avec les femmes pastoralistes.
18. DEVELOPPENT des structures mobiles pour l’accès aux soins et à l’éducation qui tiennent compte de la réalité du mode de vie pastoraliste et sont adaptées aux besoins des femmes pastoralistes.
19. DEVELOPPENT et mettent en œuvre des programmes de santé en faveur des femmes dans les communautés pastoralistes. La priorité devra y être donnée aux informations et à la formation à la santé, notamment la santé reproductive.
20. CREENT et soutiennent des programmes qui favorisent le développement économique et la diversification des opportunités économiques des femmes pastoralistes, y compris les financements sous forme de microcrédits. Ces programmes doivent être élaborés en consultation avec les femmes pastoralistes.
21. SOUTIENNENT les femmes pastoralistes à travers le renforcement des capacités, y compris une assistance pour l’accès direct aux marchés et la mise en œuvre de formations pour améliorer la qualité et la valeur marchande de leurs productions ainsi que le développement de compétences managériales.
22. SOUTIENNENT la formation des programmes axés sur le leadership et la communication afin de permettre aux femmes pastoralistes de pleinement et efficacement participer aux négociations sur toutes les questions concernant leurs modes de vie.
23. SOUTIENNENT et financent des projets de nouvelles technologies qui contribuent à améliorer l’efficacité et la durabilité environnementale des modes de vie pastoralistes. Ces technologies doivent tenir compte et répondre aux besoins et aux réalités du pastoralisme et doivent s’appuyer sur des énergies renouvelables ainsi que sur des ressources naturelles facilement accessibles.
Nous les femmes pastoralistes voulons que nos enfants et nos petits-enfants, aient les outils et les possibilités nécessaires pour pouvoir s’adapter aux réalités et aux conditions changeantes du monde moderne tout en conservant leur patrimoine culturel et leur mode de vie traditionnel.
Tel est notre droit et c’est en restant pastoralistes que nous pouvons apporter la meilleure contribution à la communauté humaine tout entière.
Photo: http://www.michaelbenanav.com/
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